#020 Le déséquilibre des genres...

Attention, nos chroniques ont des crocs n°020!

   (Attendez une seconde, je pose mes haltères... oumpfff... et je suis à vous !)

Hem... donc : me voilà. Pfou, je souffle un instant, pardonnez-moi. 20 000 tractions, 1500 pompes, 400 tonnes d'haltères cumulées développées couchés pliées suspendues à cloche-pied ; bref mon programme matinal !

"Un esprit sain dans un corps sain"... ben, si c'était vrai ?!

 Vérifions : quelles activités sont les plus encouragées en général ("en général" signifie tout autant dans les médias, que par exemple, un exemple d'ailleurs tout à fait pris au hasard du hasard, dans l'attribution de subventions publiques...) ? Une réponse : le SPORT ! D'une manière, c'est très bien. Il faut s'entretenir, développer des capacités physiques, se dépasser, éliminer les excès, se vider l'esprit, etc... A la télévision, pas un jour sans un rendez-vous sportif, ne serait-ce que l'annonce de résultats divers et variés (foot, ou rugby, ou foot et parfois rugby et si ce n'est pas foot, c'est rugby... ou foot... variés quoi). L'activité physique nous entoure, il faut dire que c'est cette même société qui nous nourrit du cautionnement de cette pratique physique qui nous bourre de glucose-fructose, d'aspartame et autres vecteurs reconnus d'obésité : "manger, bouger". Ou peut-être "manger dans tous les cas, et bouger si ça vous dis", et encore "manger à n'en plus finir, on vous vend tout ce que vous désirez, mais donnez-VOUS bonne conscience : bouger un peu"... pour finir "mais bordel de gnou (oui je sais, c'est une nouvelle insulte impersonnelle certifiée par le guide interstellaire des conducteurs de vaisseau tridimensionnel. art.12365 al.753), bougez-vous au moins pour venir acheter à manger des tonnes de nos produits !!!". Brèèèf, que de bonnes intentions. Mais pourquoi ce culte du corps, si ce n'est l'hypocrisie ambiante ? Et pourquoi pas le culte de l'esprit. Pourquoi autant de sport à l'école, et pourquoi pas autant de musique, de théâtre ?

 Je me permettrai cette ébauche de piste (mon éditeur est d'avis de me laisser continuer cette chronique, donc j'en profite) : d'une part, il ne faudrait quand même pas faire de la population une entité capable de penser par elle-même. Comment une caste dirigeante pourrait faire son travail si nous pensions ? Rendez-vous compte de la "débandade (de morue"... je sais, je suis désolé...), de l'anarchie totalitarium, le chaos sur terre !!! Comment obéirions-nous, comment ne réagirions-nous pas, comment ne nous indignerions-nous pas ? Il faut donc bien axer la politique sur autre chose que le développement de l'esprit. A partir de là, le chemin est tout tracé pour le sport. Voilà une activité qui plaira à tout le monde, et surtout qui occupera tout le monde, qu'on la pratique activement sur le terrain, ou passivement devant son miroir plat dolby surround de salon !

 D'autre part, cela fait remarquer la place à laquelle la société (société = nous, rappelons-le) positionne sa vision supersonique. L'important : le physique, l'esthétique, le paraître, l'image, la beauté, la forme, la superficialité, la silhouette. Et mettons de côté le fond, les idées, les réflexions, l'esprit, l'intelligence, l'initiative, la pensée.

 Entretenir son corps, en prendre soin est essentiel. Mais alors, il faut le faire vraiment, et en premier lieu arrêter de manger tout et n'importe quoi (je parle là d'un très grand nombre de produits, pas tous, qui se trouvent dans nos supermégamarchés). Entendons-nous bien, je crois dans le sport, dans ce qu'il peut apporter de bien-être à court et à long terme. Mais je crois aussi qu'il n'est pas normal qu'il supplante dans plusieurs de nos institutions les activités culturelles, celles de l'esprit.

 Croyez-le, ce n'est pas une espèce de jalousie mal placée de ma part que de mettre en concurrence le sport avec la musique (et leur place respective dans les budgets publics qui leur sont alloués !)... je ne fais pas dans ce registre-là. Je ne fais que constater comme d'autres peuvent aisément le faire...

 "Un esprit sain dans un corps sain"...

 Pour le corps sain, j'ai confiance dans le sport et les activités physiques, mais faudrait aussi que chacun d'entre nous pense à demander des comptes à certains de ceux qui nous "servent à manger", et à nous-même faire attention aux étiquettes.

 Quant à l'esprit sain... silence radio pour l'instant... mais promis, on s'en occupera quand on sera tous obèses !

(ouf, cette chronique est terminée, je vais me tremper un poisson pané surgelé dans un bol de pâte à tartiner moi... ça sera pas perdu pour tout le monde !)